CHAPITRE XXV

DEPUIS plusieurs jours, Jana dormait mal.

Le Vasimar avait atteint le seuil à partir duquel ses passagers pouvaient correspondre avec Alioculus sans souffrir d’effets relativistes. Le décalage dû à la distance que parcourait le faisceau de communication était encore gênant pour une conversation, mais l’échange de données était possible, et les rapports se succédaient : les naufragés étaient isolés depuis sept ans, mais l’expédition de secours avait ravivé l’espoir, de sorte qu’il n’y avait eu aucun suicide à déplorer au cours des deux dernières années. La station de recherche Wheeler avait été convertie en unité de survie, avec l’aide des quatorze orbiteurs qui se trouvaient dans le système.

Xavier regardait s’agiter Jana dans son sommeil, les rares fois où elle consentait à partager sa couche. Son repos à lui aussi était perturbé. Il voyait croître son inquiétude à mesure qu’approchait l’échéance, comme si le trou noir d’Alioculus, tapi dans le vide sidéral telle une araignée au centre de sa toile, allait la dévorer.

Au cours du dernier mois de voyage, il avait tenté à plusieurs reprises de la faire parler, mais elle était demeurée réticente. Elle ne sortait plus de leur niveau, refusant de se mêler aux Pèlerins. Finalement, elle craqua.

« Toute ma raison me dicte que je ne risque rien à toucher le fragment du corps du Vangk. Il ne se passera rien… Mais la première fois, il n’aurait rien dû se passer non plus. La vérité est que j’ai une frousse mortelle de ce truc. »

Xavier lui caressa les cheveux. Il se sentait démuni, peut-être parce qu’il était tout aussi terrifié qu’elle. La face sombre de l’amour, pensa-t-il.

« J’aurais peur moi aussi, dit-il. Plus que toi, sans doute. » Elle eut un rire forcé.

« Oui, mais là ce serait normal : les hommes sont si lâches. » Elle passa une main nerveuse dans sa chevelure défaite et baissa les yeux.

« Excuse-moi. Je ne devrais pas dire ça. Surtout à toi qui… » Il lui mit un doigt sur les lèvres.

« Je sais. De plus, c’est toi qui as raison. Sans Valrin, j’ignore si j’aurais eu l’audace de me lancer dans cette aventure. » Il soupira. « Dès que nous serons arrivés à la station Wheeler, tu iras toucher la relique des Pèlerins, il ne se passera rien, et ils nous ficheront la paix. »

Elle sourit, faisant semblant d’ignorer le doute qui l’habitait lui aussi.

Heureusement, le voyage touchait à sa fin. Une atmosphère de fête régnait à bord : ils étaient les premiers êtres humains à avoir parcouru deux mois-lumière par l’espace conventionnel. C’étaient des pionniers, et la plupart des Pèlerins étaient persuadés d’avoir marché dans le sillon même que les Vangk avaient creusé, cent mille ans plus tôt, quand ils avaient déposé leurs Portes aux quatre coins de la galaxie.

L’attraction du système d’Alioculus commença à se faire ressentir. Au milieu du ciel, à trois quarts d’unité astronomique, se trouvait le trou noir autour duquel tournait son compagnon, sphère blême de matière ultra dense. Xavier fut stupéfait de voir le point se déplacer à vue d’œil. Jana lui expliqua que les neuf millions de kilomètres de séparation orbitale conféraient à la naine blanche la vitesse énorme de trois cent mille mètres à la seconde. Un jour, elle tomberait au fond du tourbillon infernal d’espace-temps distendu, s’aplatirait comme une galette avant de disparaître dans un ultime flash électromagnétique.

Le Vasimar effectua son dernier retournement puis se plaça en microgravité, approchant la station Wheeler à vitesse réduite. Le télescope du vaisseau était parvenu à la localiser, ils en étaient à quelques jours maintenant. Dans sa chambre en compagnie de Jana, Xavier avait allumé l’écran mural et sélectionné la chaîne d’infos du bord. Il ressentit un frisson d’effroi et de plaisir mêlés lorsque les trois anneaux des Portes apparurent, tournant avec lenteur autour de la forme étrange qui leur tenait lieu de centre : un assemblage de polyèdres imbriqués les uns dans les autres.

« C’est incroyable… Il est énorme, murmura Xavier, partagé entre des sentiments contraires.

— Trois kilomètres et demi de diamètre dans sa plus grande section », indiqua Jana, à côté de lui.

Elle ne semblait pas ennuyée d’en discuter, au contraire : parler d’autre chose que de ce qui l’attendait.

« Un artefact vangk comme les Portes ? demanda-t-il.

— Pas tout à fait comme les Portes. Ce machin est complètement inerte. Un simple bloc géométrique de carbone pur.

— À quoi est-ce qu’il pouvait bien servir ? »

Elle plissa les lèvres en une moue dubitative.

« Des scientifiques venus observer le trou noir pensaient qu’il serait tout ce qui reste d’une fabrique de Portes de Vangk.

— Les Portes seraient en carbone ?

— Non, ils pensaient aux machines qui auraient construit les Portes. D’après eux, le polyèdre ne serait qu’un amas de déchets compactés. Une fois qu’elles auraient fabriqué les Portes, les machines vangkes se seraient autodétruites ou quelque chose comme ça. Ou bien le carbone serait un résidu du mode de fonctionnement des machines… »

Elle soupira. Puis rit, plus détendue.

« Oui, je sais, c’est idiot. Une vulgaire analogie avec notre cycle respiratoire qui aboutit au rejet du gaz carbonique. En fait, on ignore tout de ce qui a produit ce gigantesque cristal… Mais toutes ces spéculations doivent te paraître ineptes. »

Xavier avait retrouvé une partie de sa bonne humeur. Il lui saisit les mains.

« Je préfère cela au choix de cette pauvre Nylie qui a essayé d’assassiner puis a mis fin à ses jours plutôt que de voir ses croyances infirmées par la réalité. Spéculer est humain, il n’y a rien de ridicule là-dedans. Le désir de connaissance est peut-être plus important que la connaissance elle-même. »

En ce sens, il se sentait plus proche des Pèlerins. Chercher Dieu, comme ils le faisaient, était très différent de croire en Dieu. Perdu dans sa réflexion, il caressa l’extrémité des doigts fuselés, dépourvus d’ongles, de Jana. Elle le contempla, songeuse.

« Oui… Oui, tu as raison. Je ne dois pas avoir peur de savoir. Savoir… ce sera ma délivrance. »

Tu es déjà délivrée si tu le penses vraiment, songea Xavier.

Lui ne se sentait pas délivré le moins du monde.

Sur l’écran mural, la vue se modifia. À la place du pseudo-astéroïde flottait la station Wheeler. À l’origine, elle avait ressemblé à un champignon au chapeau de deux cents mètres de diamètre, percé de cavités et hérissé de tubes et d’antennes. Mais, lorsque la Porte s’était scellée, il avait fallu l’aménager dans l’unique but de survivre, et les posthumains qui vivaient là avaient greffé à la structure initiale des éléments prélevés sur les orbiteurs présents à ce moment-là. Le résultat était un assemblage hétéroclite de conteneurs cylindriques reconvertis en conapts basse pression, de poches de recyclage à pnéophyte et de volumes aux fonctions moins aisément identifiables.

Une nouvelle émotion serra alors le cœur de Xavier. Il avait sous les yeux la preuve qu’il y avait des êtres humains en vie pour les accueillir ; qu’ils n’avaient pas seulement fait ce voyage pour d’obscurs motifs religieux, politiques ou économiques. Des hommes devaient être sauvés.

À nouveau, le plan changea : un module de liaison biscornu faisait route vers eux. Xavier demanda à l’écran de monter le son.

« … La délégation de peaux-épaisses abordera d’ici sept heures afin de présenter ses respects au capitaine Lowall. Celui-ci a déclaré… »

« Coupe le son », lança Jana à l’écran.

Ils restèrent sans parler. Ils avaient déjà discuté avec un révérend qui leur avait annoncé le déroulement des opérations : la délégation était constituée de Pèlerins et son véritable but était d’apporter un fragment de relique afin que Jana soit mise en contact avec lui sans tarder. Le révérend leur avait assuré qu’ensuite Jana resterait en liberté. Il lui était seulement demandé de porter un bracelet détecteur à la cheville, analysant divers paramètres métaboliques. Périodiquement, on recueillerait des cellules de peau dont on vérifierait l’ADN-V. Aucune méthode invasive ne lui serait appliquée.

« Rassurez-vous, on ne vous découpera pas en rondelles », avait fait le révérend en riant.

Xavier n’avait pas répondu qu’il était loin d’en être persuadé.

 

Ils n’assistèrent pas à la réception donnée en l’honneur de la délégation de peaux-épaisses et filmée par la chaîne d’infos. La rencontre devait se faire à l’écart des médias.

La cérémonie fut organisée le lendemain matin dans le laboratoire du Vasimar. Xavier et Valrin accompagnaient Jana. Six révérends les attendaient ; quatre étaient des officiers supérieurs. On leur fit revêtir une combinaison pressurisée légère. Les seuls à en être exemptés étaient Jana et le chef de la délégation. Le peau-épaisse les dépassait tous de plus d’une tête. C’était la première fois que Xavier en voyait un en chair et en os. Il n’avait jamais interrogé Jana à leur sujet et avait même ignoré jusqu’à cet instant que ces individus pouvaient supporter la pression atmosphérique. Le peau-épaisse se présenta d’une voix grave. Il s’appelait Ul Sax et dirigeait un clan d’ouvriers de chantiers spationavals. Il aurait facilement pesé cent quatre-vingts kilos en gravité normale. Son surépiderme gris nervuré de bleu foncé le recouvrait telle une combinaison intégrale, jusqu’à son visage aux méplats accusés et aux traits mongoloïdes. Seuls les yeux, qui n’avaient jamais pu être adaptés aux terribles contraintes de l’espace, avaient été remplacés par des prothèses en métal. Les globes à facettes argentées fixaient Jana d’un regard morne et glacé. Une sorte de valve s’accrochait, bijou insolite, sur sa carotide.

Ils avancèrent. Jana enfonça ses doigts dans le bras de Xavier. Celui-ci suivit son regard jusqu’à une table roulante en aluminium qui occupait le centre de la pièce. La relique reposait sous un globe en verre.

« Le voilà », dit simplement Jana.

C’était une galette d’à peine dix centimètres d’épaisseur pour quinze de diamètre. Elle était compacte et sombre, pareille à du cuir pétrifié. Xavier se demanda comment il était possible d’éprouver une telle dévotion pour un objet inanimé. Et pourtant un sentiment proche du respect l’envahit insidieusement. Cette chose avait flotté depuis des temps immémoriaux dans l’espace, attendant d’être découverte – puis avait délivré son message, quel qu’il soit.

« Allez-y, je vous en prie », fit l’un des révérends.

Les autres avaient joint leurs mains et psalmodiaient une prière sous le regard sarcastique de Valrin. Xavier cligna des yeux. Au cours des dernières heures, sa volonté avait été engourdie, écrasée par un sentiment d’abattement. Et la peur refaisait surface… Il était livide de peur. Tout à coup, la relique devint aussi menaçante qu’une culture de microbes pathogènes. Et si la transformation qui avait commencé à s’opérer en elle se réactivait au contact de la relique ? Si elle se métamorphosait en une créature aussi radicalement étrangère qu’un Vangk ?… Il se rendit compte que ses spéculations ne tenaient pas debout. Ce n’était qu’un délire infirmé par toutes les connaissances qu’il avait acquises en génétique ainsi que par sa propre expérience. D’un seul coup, la peur disparut de son esprit comme une bouteille qu’on débouche. Il sentit le sang affluer de nouveau à son visage.

Il saisit la main de Jana dans la sienne et lui souffla à l’oreille :

« Je suis à tes côtés. Il n’arrivera rien, je te le promets. Donne à ces fous ce qu’ils demandent. Qu’ils nous laissent en paix. »

Elle le regarda. Puis elle sourit et son visage se raffermit. Sans hésiter, elle franchit les quatre pas qui la séparaient de la table, souleva le couvercle de verre et saisit la relique à pleines mains.

Pas d’éclair ni de voix tonnante. Pas de phénomène surnaturel. Nylie serait déçue…

Xavier était surpris par sa propre désinvolture. Voilà, les dés étaient jetés. L’assistance avait les yeux rivés sur Jana qui tenait la relique entre ses paumes, la caressant doucement avec ses pouces.

Un révérend s’inclina, les bras croisés sur la poitrine :

« Grand merci à toi, Jana. Merci pour ton courage. »

Il reprit la relique – lui portait des gants – et la replaça avec un soin dévot sous son bol. Aussitôt, il actionna une petite pompe qui fit le vide à l’intérieur : la relique devait être préservée des agressions de l’air et de l’humidité.

Les révérends se retirèrent l’un après l’autre. Ils invitèrent les trois compagnons à partager un repas. Le capitaine Lowall y assistait, mais pas Ul Sax qui avait dû rejoindre ses compagnons.

Le repas se déroula dans un climat surréaliste : pas un instant la cérémonie à laquelle ils venaient tous de participer ne fut évoquée. C’était comme si ce moment, historique pour les Pèlerins, n’avait jamais eu lieu. Il fut question de l’organisation des secours pour les naufragés. Les années d’isolement avaient dégradé leur environnement, et beaucoup souhaitaient emménager au plus tôt dans le Vasimar. Les problèmes logistiques étaient nombreux. Chaque membre d’équipage allait être occupé nuit et jour, les deux semaines à venir.

« Nous pensons que les réfugiés ne représentent aucun danger pour Jana, déclara Lowall. La KAY ne peut pas avoir eu les moyens matériels de soudoyer l’un d’entre eux. La distance entre Alioculus et la Porte de Moire l’en a empêchée. Elle peut encore avoir un espion sur ce vaisseau qui tentera de le faire, mais cela lui prendra des semaines. »

Son ton indiquait qu’il n’y croyait guère, et c’était l’avis de Valrin comme de Xavier. Il se mouilla les lèvres puis se tourna vers Jana.

« Néanmoins, si nous percevons la moindre anomalie chez vous, vous serez consignée dans vos quartiers. »

Elle lança un bref regard à Xavier.

« C’est évident, dit-elle enfin. Je ne prendrais pas le risque de contaminer mes semblables si des ailes ou des pattes venaient à me pousser dans le dos. »

Lowall grimaça un sourire, se forçant à goûter la plaisanterie.

Ainsi qu’il l’avait annoncé, l’afflux de réfugiés à bord du Vasimar les tint occupés. Jana se mêla aux membres d’équipage, heureuse de tromper son angoisse en se noyant dans le travail. Elle n’eut pas à se forcer : il y avait tant à faire qu’ils n’avaient pas une minute pour penser à eux. Très vite, la cérémonie et ses implications passèrent au second plan.

Douze jours s’écoulèrent ainsi. Valrin ne participait pas à la frénésie ambiante. Patiemment, il mettait au point les plans d’élimination de chacune de ses proies. La seule fois où Xavier alla frapper à sa porte, il passait en revue les moyens qu’il comptait réclamer aux Pèlerins, en paiement de son aide à Jana. Cela représentait des sommes considérables.

« Ils m’aideront, assura Valrin. Ils ne prendront pas le risque de me trahir. »

 

À l’issue d’une longue journée, Jana trouva Xavier endormi dans sa chambre. Du seuil, elle le contempla qui se retournait dans son sommeil. Elle ne l’avait pas beaucoup vu ces derniers temps. Mais, ce soir, elle avait envie de le serrer à l’étouffer.

Pourquoi l’angoisse est-elle revenue ? se demanda-t-elle. Pourquoi est-ce qu’elle me taraude à nouveau ?

Peut-être parce que, la première fois où elle avait touché le corps du Vangk, il avait fallu une semaine et demie pour que les symptômes se manifestent pleinement puis disparaissent. Elle avait l’impression que, si elle passait ce cap, rien ne l’affecterait plus jamais.

D’ici deux ou trois jours, je n’y penserai plus, se raisonna-t-elle en approchant du lit. Elle tendit une main affectueuse vers lui. L’affection était le sentiment qui prédominait à son égard. Une affection très tendre, qui n’avait rien à voir avec l’aventure tumultueuse qu’était son amitié avec Valrin.

Au début, elle avait été interloquée par l’amour qu’il lui portait. Mais, très vite, elle s’était rendu compte que cet amour ne ressemblait en rien à celui que lui vouaient les Pèlerins. Xavier n’avait jamais essayé de le lui imposer. Il le vivait sans en faire étalage ni revendiquer d’exigences en son nom. Elle avait avant tout estimé sa discrétion. Il avait risqué sa vie pour elle, mais il n’avait espéré en tirer nul avantage. Elle lui avait d’abord accordé son affection. Puis elle avait couché avec lui, sans qu’elle pût dire si son amitié s’était véritablement transmutée en amour… L’affection, elle, était bien réelle.

Ses doigts s’attardèrent sur le front large de son compagnon. Elle ne perçut pas tout de suite le léger son qui bourdonnait à sa cheville.

Les yeux de Xavier s’ouvrirent. Il se dressa sur son séant.

« Excuse-moi, murmura-t-elle, confuse, en retirant sa main. Je ne voulais pas te réveiller.

— Ta cheville… Lumières ! »

La luminosité ambiante augmenta. Xavier saisit le mollet de Jana et retroussa le pantalon qu’elle avait pris l’habitude de porter pour camoufler le bracelet analyseur.

Une diode rouge clignotait.

La mécanique du talion
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